La maison vicariale
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Cet appendice a pour objet de rassembler chronologiquement, quelques textes significatifs qui ont entouré, durant la seconde moitié du 18 iàme siècle, le projet de construction d'une maison vicariale à Warnant. Après avoir obtenu l'édification d'une église en 1764, la communauté de Warnant se mit à réclamer un vicaire, logé au village, démarche que les décimateurs ont longuement contestée. N.B. Pour rendre plus facile la lecture des textes, l'orthographe a été partiellement modernisée. 9 mars 1770 Mémoire présenté par les conseillers Dubois, Huart et Gamiel, pour expliquer les raisons du refus des décimateurs. Les décimateurs, par suite de l'appointement du 16 décembre, ont fait construire une chapelle, en laquelle le vicaire de Senenne y célèbre la messe. L'on devait s'attendre, qu'après avoir pourvu aux besoins spirituels de ces mannans, l'on n'en recevrait plus aucune plainte, mais l'on voit, avec surprise, éclore de leur part de nouvelles prétentions, que l'on croit cependant avoir été imaginées par quelques génies remuants qui veuillent se singulariser dans la communauté, vu que l'on n'eut point fait paraître la commission qui aurait dû accompagner la remontrance faite en son nom. Quoiqu'il en soit, cette nouvelle demande ressent de la vexation par ce qu'elle n'a point l'air de fondement et que par l'érection de la chapelle l'on a suppléé à la prétendue incommodité dont lesdits mannans se plaignaient soit du chef de la distance du village de Warnant avec leur église paroissiale, soit de la prétendue difficulté des chemins qui leur interdisait, disent-ils, de s'y rendre facilement à l'égard de quelle (cette) distance et autres difficultés, ils ont toujours soin d'enfler les objets. Supposât-on l'éloignement d'une lieue, cela ne forme pas une cause canonique qui pourrait autoriser leur demande et en conséquence contraindre les décimateurs à leur donner un vicaire résidant audit Warnant. Lorsqu'il s'est agi de leur donner une chapelle, ils ont fait valoir avec exagération qu'ils ne pouvaient point commodément entendre la messe, que la juinesse (jeunesse) était en deffaut d'instructions, ces raisons viennent maintenant à cesser et ne peuvent plus servir à leur nouvelle entreprise. Pour fondement de laquelle ils viendront sans doute présentement alléguer un prétendu deffaut d'administration des sacrements aux malades et autres moyens de cette espèce mais que l'on ne pourra considérer que comme purs prétextes puisque dans le cas de maladie dangereuse, le pasteur ou ses vicaires ont soin de s'y rendre sitôt qu'ils en sont avertis, sans que l'éloignement d'une lieue puisse porter un obstacle raisonnable à remplir promptement leurs fonctions, attendu qu'il ne faut qu'une heure pour y aller visiter les malades suffisant qu'ils en ayent été informés la première fois, c'est-à-dire au commencement de la maladie ils continuent à s'y rendre sans y être ultérieurement appelés. L'on ne peut prendre en considération les cas imprévus comme par exemple mort subite car un tel événement, le malade meurt également sans sacrement dans le lieu de la résidence du pasteur et cela peut même arriver à la porte de l'église de façon qu'on ne doit point ici envisager les accidents qui surviennent rarement et auxquels il n'est ordinairement pas possible d'obéir A l'égard des chemins que l'on prend pour aller du village de Warnant à la susdite paroisse il ne s'y remontre aucune difficulté qui interdirait à un vicaire de s'y rendre en une heure et même en moins de temps si la nécessité l'exige, ces chemins sont praticables en tous temps, il est vrai qu'il faut traverser un ruisseau mais cela ne donne point d'incommodité parce qu'il s'y trouve des ponts dans différents endroits qui sont très faciles parmi (à condition que) que la communauté ne néglige point de les réparer et de les entretenir selon le prescrit des édits de sa Majesté. Et si dans le temps d'hiver ou des saisons pluvieuses,le ruisseau est quelquefois enflé, le passage n'est pas moins libre pour le traverser en toute sûreté au moyen des prédits ponts qui sont assez élevés dans les endroits où ils sont placés et qu'ils sont praticables en tout temps. Le fond des prédits chemins est d'agaise, conséquemment très solide en hiver comme en été et ils ne peuvent être ni impraticables ni incommodes, si la communauté a soin de les entretenir comme il convient. Si l'on suppose qu'il peut arriver un débordement extraordinaire du même ruisseau par exemple par un orage ou une grande pluie, ce serait dans cette hypothèse un cas purement fortuit qui mérite d'autant moins d'égards que cela n'a point de continuité, conséquemment cette circonstance n'opère pas un motif suffisant pour souscrire à la demande d'adversaires. Le seul éloignement peut d'autant moins l'autoriser que la plupart des paroisses en cette province sont dans le cas d'avoir dans leur dépendance des hameaux ou villages aussi éloignés que  l'est celui de Warnant, on n'établirait point pour cela des vicaires perpétuels parce que ne se remontrant point d'autres obstacles et les chemins étant facilement praticables, il ne résulte pas de la seule distance d'une lieue une incommodité assez notable que pour démembrer une paroisse ou établir un vicaire à part. Les supplians ne sont point dans les circonstances auxquelles le Concile de Trente a voulu subvenir par le dispositif du chapitre quatrième.(Ici se place un texte conciliaire en latin). Il n'y a point d'apparence que la prétendue incommodité de faire une lieue par un chemin bon et solide soit de l'espèce de celles mentionnées au texte précité " sine incommodo accedere non possunt" ( ils ne peuvent y accéder sans inconvénients) ce qui s'entend certainement d'une autre distance que celle dont il s'agit et lorsqu'elle est accompagnée d'autres difficultés comme par exemple une forêt; des montagnes d'un accès difficile que l'on ne peut pas fréquenter sans être exposé à certain péril, ce qui ne se rencontre pas au cas présent qui ne tient à aucune nécessité. Il y a même du ridicule dans la prétention adversaire car, à entendre les supplians, il faudrait former autant de paroisses qu'il y a de hameaux et de villages ou du moins établir en chacun d' iceux un vicaire perpétuel qui est à peu près la même chose. Cela étant, il faudra de nécessité épuiser (mais sans raison) tous les revenus des fondations pieuses et les anéantir parce que la plupart sont fondées par les moyens des dixmes, l'aventure serait assez singulière. Mais elle le serait encore d'avantage par les conséquences à s'ensuivre de pareil système car, en supposant faussement qu'on dût fournir un vicaire perpétuel en chaque endroit distant d'une lieue de la mère église, les deniers ne suffiront point aux entretiens de ces églises, de maisons de cure et du grand nombre de curés et vicaires à y placer, en quelle hypothèse les communautés se trouveront surchargées des collectes et impositions personnelles pour subvenir à ces grands frais. Dans un tel prédicament, les églises ne se trouvant pas suffisamment dotées et les paroissiens surchargés, l'on verrait d'abord ceux-ci demander la réunion des paroisses dont ils auraient eux-mêmes demandé la démembration, on les verrait, dis-je, réclamer les moyens suggérés par le chapitre précédent du même concile, qui permet aux évêques de procéder à l'union de plusieurs paroisses et bénéfices qui, séparément, ne peuvent décemment se soutenir, faute de moyens. Les supplians sont-ils plus fondés dans leur prétention que ne l'ont été les habitants de Haut-le-Wastia qui dépendent de la même paroisse et qui, passé quelques années ont demandé une chapelle dans leur village et qu'on y établisse un prêtre pour l'administration des sacrements. Il existe la même distance à peu près de leur village jusqu'au clocher de Senenne et ils ont représenté dans la poursuite qu'il y a eue à ce sujet, beaucoup d'autres raisons et d'inconvénients séparés de l'éloignement, ces raisons forment un objet équivalent, tout au moins la différence d'un quart de lieue de plus qu'au cas présent, respectivement à la distance. Ils ont néanmoins été éconduits, par décret le 12 août 1763. Passé peu d'années, pareille difficulté s'est présentée entre les mannans d'Arbre d'une part, le monastère de Brogne, d'autre part et le curé de Lesves, en qualité de décimateurs, d'autres lesdits mannans demandaient aussi un vicaire perpétuel, qui fixât sa résidence audit lieu, qui était éloigné  du clocher de l'église paroissiale de 3/4 de lieue, éloignement qui était accompagné d'une circonstance bien grave et entre autre que, pour aller d'Arbre au village de Lesves, il fallait prendre par le bois appelé Noirmont, qui a un bon quart de lieue de trajet, qui dans le temps de gelée et neige, ne pouvait se faire en moins d'une demi- heure, à cause que cette route est montagneuse, fort difficile et extraordinairement chargée de glaces en hiver. Les causes qui se rencontrent dans la question de ces mannans étaient plus urgentes que toutes celles que pourraient avancer ceux de Warnant, cependant il a été déclaré qu'il n'était nécessité d'y établir un vicaire perpétuel. Quoi qu'on puisse dire " quod non exemplis sed leqibus judicandum " ( ce qui ne doit pas être jugé suivant les exemples mais d'après les lois), pas moins, c'est à juste titre que l'on allègue des décisions identiques en parité de cas et fondés sur des raisons de la même espèce, qui ont causé l'arbitrage du juge et c'est par de fréquentes décisions sur le même point que l'on fixe ordinairement une jurisprudence certaine. Sous l'auspice dupremis les insinués estiment qu'à plus forte raison, votre Grandeur sera aussi bien servie de déclarer qu'il n’y a point de nécessité d'établir au village de Warnant un prêtre y tenant résidence et qui suffit bien aux mannans d'y avoir une chapelle où le vicaire de Senenne leur célèbre la messe en jours de dimanches et fêtes avec instructions ". Namur 9 mars 1770 Dubois, Huart et Gamiel 18 avril 1770 Texte des procureurs disant qu'il faut soumettre la requête des manants de Warnant à l'appréciation des parties intéressées parmi lesquelles le curé de Senenne, notant toutefois que les revenus de la cure de Senenne sont suffisants pour l'établissement d'un vicaire à Warnant. “les révérendissimes abbé et les religieux du monastère de Gembloux, conjointement les chapitres Notre-Dame en cette ville et de celle de Huy, se trouvent insinués d'une requête présentée par les manants de Warnant apointée du 10 de novembre de l'an dernier qui se reproduit avec les pièces y jointes, ycelles tendant à faire déclarer qu'il y a nécessité d'y avoir à la chapelle de Warnant un vicaire fixe et permanent pour y administrer les sacrements et font dire avant de se déclarer pour cet objet que le présent différend soit communiqué à tous les intéressés. Que le révérend pasteur de Senenne en sa qualité de curé du lieu de Warnant est le plus intéressé vu que si tant est qu'il y ait nécessité telle qu'on figure il doit y fournir attendu que les revenus de la cure(de Senenne) sont beaucoup plus que suffisants pour subvenir à toutes les obligations et devoirs pastoraux. On requiert donc que le présent différend lui soit communiqué avant tout pour y dire et ce fait on parlera sur la nécessité dont il est question." signé Deséverin et Everaerts 18 avril 1770. 22 octobre 1777 Refus de l'abbé de Floreffe opposé à la demande des gens de Warnant. Les révérends abbé et religieux du Monastère de Floreffe se trouvant insinués de l'écrit des supplians apointé le 22 avril de cette année de même que divers placets font dire qu'il est surprenant qu'après les raisons détaillées de leur part es écrits précédents, les supplians osent encore maintenir qu'il y a une nécessité d'avoir un vicaire permanent au hameau de Warnant . Ils doivent avoir vu qu'ils n'ont aucune cause, sinon celle qu'ils disent provenir de l'éloignement d'une lieue de la paroisse. Cet éloignement qui est la seule cause qu'ils ont par devers eux est insuffisante attendu que les chemins sont bons et solides. 16 avril 1782 Argument avancé contre les abbé et religieux de Floreffe par ceux de Warnant à propos des baptèmes. Extrait des verbaux par devant Dubois. Ceux de Warnant demandent que les baptèmes soient faits à Warnant. Les enfants sont exposés à périr inommément dans le mauvais temps ou la saison d'hiver soit quand on les porte à baptème soit quand on les rapporte après qu'ils ont été baptisés". signé Dubois. 30 mars 1790 La communauté de Warnant, ayant été en justice,a contraint les décimateurs à loger le vicaire sur place. Ces derniers déposent le plan de la maison vicariale. La collégiale de Namur et de Huy, les abbayes de Gembloux et de Floreffe sont en procès avec les habitants du village de Warnant à propos de la transaction du 14 février 1782 au verbal du conseiller Aubois par laquelle les décimateurs se sont obligés envers lesdits du village de Warnant à faire bâtir à leurs frais le logement du vicaire qui administrera les sacrements dans ledit village et cela en deçà du ruisseau des papeteries de l'abbaye de Moulin du côté de Warnant et assez près desdites papeteries afin qu'il puisse également servir au hameau de Haut-le-Wastia qui est situé à l'opposé. Les remontrans ( les trois décimateurs,ayant la grosse dîme), avaient cru pouvoir s'acquitter et remplir l'objet de leur dite obligation par un équivalent, en logeant ce vicaire dans les papeteries mêmes de l'abbaye de Moulin où il est encore actuellement, mais les habitants de Warnant, non contents de cela, ont trompé leur espérance en ce regard en faisant déclarer la dite transaction exécutoire selon la forme et teneur qu'il en appert de la sentence ci pareillement en date du 17 juillet dernier et sommation ensuivie au bas. Cette exécution n'a été différée jusqu'ici que parce que l'on n'a pas pu s'entendre avec les intéressés nommément le révérend abbé de Floreffe, tant au sujet de l'emplacement que par rapport à la distribution de ce logement qui doit servir à l'un de ses religieux. Mais les remontrans pour se mettre en règle de leur côté et prévenir la contrainte par voie d'exécution, dont ils sont continuellement menacés de la part desdits habitants qui semblent n'en vouloir qu'à eux par prédilection, ont fait dresser un plan de la maison vicariale à construire lequel ils viennent de consigner au greffe de la cour, à l'inspection de tous les intéressés. Les remontrans ont fait davantage encore: comme le terrain sur lequel il s'agit de bâtir ladite maison en suivant la forme et teneur desdites sentences et transaction,appartient en propriété à l'abbaye de Moulin, ils se sont adressés par requête présentée aux Seigneurs des Etats de cette province afin d'en obtenir l'octroi et concessibn  d'un journal ( voir notes ) dudit terrain, à gauche d'un ruisseau du côté de Warnant, vis-à-vis des dites papeteries et joignant le sentier qui conduit de ces papeteries à Warnant et cela, soit en arrentement perpétuel ou par vente absolue, parmi en payant la valeur ou estimation dans le dessein d'y faire la maison dont s'agit. Mais comme dans l'exécution de ce dessein, s'ils n'étaient prémunis de l'autorité de la cour, les remontrans pourraient remontrer des embarras ultérieurs de la part des intéressés notamment de la part du révérend Abbé de Floreffe qui déjà a déclaré ouvertement qu'il s'y opposera et par qui néanmoins l'on se réserve de faire supporter non seulement la quote-part, mais toute l'obligation dont s'agit à la décharge des remontrans, par instance séparée à ces causes, les dits remontrans s'adressent à la cour, la suppliant très humblement d'agréer le plan et l'emplacement ci mentionné de la maison vicariale à construire et dont s'agit et d'ordonner que la présente soit communiquée tant au Révérend Abbé de Floreffe qu'aux habitants de Warnant et en cas de besoin à ceux de Haut-le-Wastia. 22 avril 1790 Réfutation par l'avocat de l'abbaye de Floreffe de l'endroit choisi pour la maison vicariale. "Cette maison, si elle était bâtie près de la papeterie de l'abbaye de Moulin et le long du ruisseau de la même papeterie, c'est-à-dire dans le lieu désigné dans la prédite requête, elle serait placée dans un endroit très marécageux et rempli de fanges pendant une grande partie de l'année et par là serait nécessairement d'une humidité, non seulement incommode et nuisible aux meubles qu'on pourrait y mettre, mais aussi très pernicieuse à la santé de ceux qui devraient l'habiter. Au seul aspect de ce local (lieu) on s'aperçoit aisément qu'il est dominé par le ruisseau de la papeterie, lequel est élevé de plusieurs pieds plus haut que ce terrain et que, par conséquent il doit nécessairement se faire du ruisseau au terrain une infiltration ininterrompue qui, détrempant ce terrain et passant infailliblement dans les murailles du bâtiment, s'insinuera et remplira continuellement d'eau les caves, sans néanmoins qu'on puisse, faute de pente suffisante, procurer un écoulement à ces eaux qui devront s'extraire journellement à force de bras. Il en sera de mêmes du jardin qu'on devra procurer au vicaire, qui ne produira rien ou bien peu de chose et qui, pendant plus de la moitié de l'année sera inaccessible à cause de son humidité. On ajoute à cela les débordements très considérables de ce ruisseau qui, arrivant très fréquemment, couvriront et inonderont parfaitement ce terrain et introduiront une grande abondance des eaux dans les caves et même dans les places au rez-de-chaussée de ladite maison. Ce qui manifeste d'autant plus l'humidité insurmontable de ce terrain, c'est qu'il est de fait certain et connu qu'il serait absolument inaccessible à ceux qui vont de ladite papeterie au prédit hameau dorénavant sinon au moyen d'une digue qu'on a élevée de plusieurs pieds au-dessus de ce terrain pour y former un sentier qui conduit de ladite papeterie audit Warnant. L'inaptitude enfin et l'impossibilité morale de bâtir une maison habitable pour un honnête homme, un prêtre, un ministre du Seigneur, dans l'endroit de question, saute tellement aux yeux, que les Sieurs Chanoines de Huy et de la collégiale de Namur, députés par leurs chapitres respectifs à effet de rendre sur le lieu et y faire l'inspection du local, en furent frappés au premier abord et avouèrent ingénument le ridicule et l'impossibilité de bâtir sur ce terrain. Les suppliants (les trois autres décimateurs) peuvent d'autant moins disconvenir de la vérité de ce que l'on a avancé ci-devant que par le plan qu'ils ont consigné au greffe de cour, ils élèvent les caves de la maison dont il s'agit à quatre pieds hors de terre, ne les enterrant par conséquent que de trois à quatre pieds au plus. Mais en vérité, sont-ce là des caves ou plutôt un rez-de-chaussée et quel moyen d'y conserver la bière et toutes les autres choses. D'ailleurs, si l'on considère ce même plan, il n'est pas bien difficile de s'apercevoir de la façon mesquine et presque honteuse avec laquelle des ecclésiastiques veuillent loger non un simple manant, mais un prêtre comme eux, un homme enfin qu'ils destinent à être préposé à l'exercice des fonctions spirituelles en la qualité de vicaire et dont la charge sera d'autant plus pénible qu'il devra, en cette dualité prêter son ministère à une quantité très nombreuse d'habitants. Suit alors la critique des pièces de la maison et de leur agencement et l'avocat d'ajouter: " tant il est triste d'avoir à faire à des décimateurs pauvres, mais les suppliants sont-ils dans ce cas"? Revenant à l'emplacement choisi par les trois décimateurs, l'avocat de Floreffe ajoute: " car, outre la proximité d'une papeterie qui ne procurera jour et nuit qu'un bruit lugubre et importun, quelle gêne pour le vicaire qui l'habitera, qui pour remplir ses devoirs devra dire la messe moralement tous les jours et, de temps en temps, faire les instructions à la jeunesse.... il fera tous les jours et même de temps en temps plus d'une fois par jour, le chemin de cette maison à Warnant, chemin souvent très mauvais et presque impraticable ". L'avocat montre alors que le vicaire appelé pour un malade à Haut-le-Wastia, devra même de nuit, remonter à l'église de Warnant et retourner à Haut-le- Wastia, ayant ainsi "combien d'inconvénients et combien de risques". Il demande donc que l'on choisisse un terrain dans le hameau de Warnant. L'avocat termine en réclamant la désignation d'un commissaire avec des experts pour examiner le local (lieu). Fait à Namur, le 22 avril 1790 signé Dubois B. . Faisant le procureur Douxchamps 5 mai 1790 Avis de la communauté de Warnant au sujet du plan de la maison vicariale. Elle fait savoir qu'elle ne veut pas se mêler à la polémique née entre les décimateurs. A ses yeux, une seule chose compte que la maison soit construite aux frais des décimateurs, dans un endroit à l'abri des inconvénients précités. 5 mai 1790 Ceux de la communauté de Warnant, ici rescribants se conformant au décret de ce tribunal en date du 13 du mois dernier (13 avril 1790 pour autant qu'il peut les concerner, déclarent se référer à ce qu'ils ont dit par leur écrit précédent, touchant le plan de la maison vicariale dont il est question au prédit écrit. Ils regrettent que pourvu que cette maison soit construite en un endroit où ils puissent au terme de la transaction du 14 février de l'an 1782,commodément et avec aisance recevoir le vicaire à y loger. Les secours qui leur sont dus et qu'ils sont en droit d'attendre, il leur importe peu quelle dimension l'on donnât à cette maison et sous quelle architecture elle soit construite. De sorte qu'ils ne se refuseront aucunement au décrettement qui sera à interposer au sujet de ladite maison qui sera convenu ou agréé par les décimateurs et en conformité que dessus ils déclarent de consentir au prédit décrettement. S'expliquant après cela sur l'écrit des révérends abbé et religieux du monastère de Floreffe, cet écrit appelé le 22 du dit mois dernier (22 avril 1790), les rescribants acceptent qu'on y convient d’une manière non équivoque, que le ruisseau dont il est parlé et qui est entre le village de Warnant et l'église paroissiale (Senenne) de cet écrit, est sujet à des débordements très considérables et très fréquents. Ils observent que, par la transaction prémentionnée, l'endroit ou ladite maison devrait être bâtie, n'a point été désigné d'une façon précise et absolument ou totalement déterminé, il n'a été stipulé autre chose que ce regard sinon que cette maison serait construite en deça du dit ruisseau, du côté de Warnant. C'est à dire que l'emplacement de la prédite maison n'a pour la prédite transaction point été fixé en l'endroit qui paraît avoir été choisi depuis par les chapitres de Notre-Dame, tant de Namur que de Huy et lequel endroit semble actuellement faire un objet de contestation entre ces chapitres et les révérends abbé et religieux de Floreffe. Quoiqu'il en soit, les rescribants déclarent et protestent de ne vouloir en manière quelconque faire partie de cette contestation. Ils se donnent à soutenir que sans retard ultérieur, le vicaire de Warnant devra être logé en un endroit qui, de leur part, ne soit pas objet de critique et qui les mît à l'abri de tout inconvénient. Ils ne peuvent cependant se dispenser de convenir que, selon la requête introduite de la présente affaire, on a mal choisi l'endroit pour la construction de la maison dont il s'agit, ils conviennent que ce que les révérends abbé et religieux de Floreffe ont avancé en ce regard (à cet égard) par leur écrit prémentionné, est en tous points conforme à la vérité. Mais ils regrettent encore qu'ils ne veuillent enquelle (en aucune) manière que ce soit entrer en la dissension qui est née ou qui pourra naître de ce chef entre les décimateurs, ils se donnent à accepter de leur côté, la proposition qu'ont faite lesdits révérends abbé et religieux de bâtir la maison questionnelle (en question), au village de Warnant même, ils consentent que pour cette partie il soit dérogé à la prédite transaction (du 14-II- 1782). A quoi ils s'arrêtent avec demande des dépens. Fait à Namur, le 4 mai 1790 après avoir l'avocat soussigné amplement conféré avec le procureur Douxchamps qui a écrit deux lettres de commis de ses principaux avec qui il a conféré. signé B.J. Dubois 21 mai 1790 Les avocats des trois décimateurs répliquent à ceux de l'abbaye de Floreffe suite à leur mémoire du 22 avril 1790. Dans le texte, les suppliants sont les trois décimateurs et les insinués l'abbaye de Floreffe. 21 mai 1790 Que lorsque pour la transaction de l'exécution de laquelle il s'agit, ils ( les trois décimateurs) se sont obligés envers les insinués ( abbaye de Floreffe ), à faire bâtir le logement y mentionné, ils ont eu en vue une maison de vicaire de campagne et non un château ou une abbaye. Et cela même sans considérer que ce dût être un religieux de l'abbaye de Floreffe qui sera dans le cas d'occuper cette habitation. Or, cette façon de loger tel vicaire (de Floreffe) n'est ni mesquine ni presque honteuse, il n'y en a  peut-être point qui le soient si grandement et si élégamment dans tout le diocèse où on trouve bien des curés qui se féliciteraient d'être logés de cette même façon. Lorsque les suppliants se sont entretenus au sujet du plan de la maison vicariale à construire, avec le révérend abbé de Floreffe, témoignant le désir qu'il avait de faire plaisir à son religieux en le logeant plus somptueusement et plus largement que ne le sont et ne doivent l'être tous les autres vicaires à charge des tiers, les suppliants avaient été assez honnêtes, ils avaient eu pour lui la déférence d'y consentir, moyennant qu'il prit à sa charge les frais du voluptuaire et l'entretien d'icelui, mais il ne l'a pas voulu, tant il est triste d'avoir affaire avec des abbayes pauvres ! mais les insinués sont-ils dans ce cas? ... Dans les campagnes pendant l'hiver, il y a des boues) des fanges et des eaux partout, les maisons n'en sont pas pour cela d'une si grande humidité que pour faire craindre qu'elles ne nuisent aux meubles qu'on pourrait y mettre, bien moins à la santé de ceux qui doivent y habiter. Le feu, le chauffage est à ces petites incommodités de la vie un remède commun pour tout. Amsterdam, où l'on n'en fait cependant guère, est bâtie sur pilotis, les précieux meubles qui s'y font admirer ne s'y gâtent et les délicats habiteurs en meurent encore moins." Les suppliants nient les infiltrations d'eau pouvant venir dudit ruisseau, surtout si on a pris la précaution de surélever les caves. De toute façon, si eau il y a, les domestiques se donnent la peine de l'extraire. Quant au jardin, il est notoire: "Que le terrain est si bon, si fertile et conséquemment si accessible qu'il produit les meilleurs blés, le froment de sorte qu'il n'y a pas à douter que parmi la culture et les engrais nécessaires il ne devienne un jardin le plus frugifère et de la plus grande aménité. ... pour les caves ce seraient de très bonnes caves, aux villes des Pays-Bas, ils n'en auraient guère trouvé d'autres, le vicaire pourrait y conserver bières et vins et autres choses ". 4 juin 1791 Projet de transaction pour mettre fin au litige entre les trois décimateurs et l'abbé de Floreffe. "Différents procès étant ventillants (examinés) au conseil de 5e Majesté l'Empereur et Roi à Namur entre les très révérends abbé et religieux de l'abbaye de Gembloux et les révérends prévots doyens et chanoines des collégiales de Notre-Dame en cette ville (Namur) qu'en celle de Huy d'une part, les très révérends abbé et religieux de l'abbaye de Floreffe et le révérend curé de Senenne d'autre part ".... Les parties en arrivent à un projet de transaction devant notaire, dont voici les principales clauses: 1. Une somme de 2200 florins sera payée par l'abbé de Gembloux et les collégiales en cause à l'abbé de Floreffe, qui prend sur lui de bâtir ladite maison du vicaire dans l'endroit qu'il voudra pourvu que ce soit au contentement et à la satisfaction des habitants de Warnant. La somme payée servira à l'achat du terrain, y compris du jardin et à l'édification de la maison. 2. Le vicaire de Warnant sera chargé par l'abbé de Floreffe d'administrer les secours spirituels à ceux de Haut-le-Wastia, sans que le vicaire puisse demander une augmentation de dotation. 3. Si les gens de Haut-le-Wastia réclament un jour une chapelle et un vicaire, la charge en sera supportée par tous les décimateurs dans la proportion prévue par l'article 5. 4. Cet article concerne la dîme de Senenne. 5. Quant à toutes les autres charges décimales de la paroisse de Senenne, soit présentes, soit futures, comme l'entretien du presbytère et des maisons vicariales d'Yvoir et de Warnant, des autels, elles seront supportées dans la proportion de 1/3 par l'abbé et religieux de Floreffe, les deux autres tiers par les trois autres décimateurs. 6. Comme l'église de Senenne et la chapelle de Warnant manquent de beaucoup de choses, ce qui les met dans un "état d'indécence", l'abbé de Floreffe remettra aux autres décimateurs la liste des objets à pourvoir. Ce projet de transaction n'eut pas de suite à cause du décès de l'abbé de Floreffe. 13 avril 1792 Lettre du proviseur de l'abbaye de Floreffe à l'avocat Wasseige. Notre abbé a un scrupule relativement au procès de Warnant, nous soutenons que l'emplacement de la maison vicariale n'est pas habitable. Il souhaiterait que l'on mît " pendant les hivers ", de crainte que pendant l'été, le terrain étant sec, on porte sentence sur cette circonstance". 24 avril 1792 Le vicaire Louis Pêtré a recueilli des témoignages d'habitants de Warnant au sujet du terrain près des papeteries. Il les fait parvenir à l'abbé de Floreffe. (Photocopies en annexe). Le texte du premier témoignage est manifestement écrit par Louis Pêtré. Les derniers témoignages sont les plus touchants. Pour la facilité de la lecture voici une transcription du texte comme nous avons pu le lire ou l'interpréter: Jean Depier de Warnant déclare avoir resté. L'eau pleut fort, la terre couverte de l'eau. Je déclare que Pierre Ronval avec son père, venant de la papeterie ont été obligés de se déshabiller pour passer l'eau pour retourner à Warnin, ont été obligés de traverser un demi-bonnier tout au moins Pierre Ronval + pour ne savoir écrire Je déclare qu'Augustin Ronval a travaillé à la papeterie de Moulin étant à son (horaire) a été obligé d'y rester par rapport à la montée de l'eau et icelui ne pouvant y aller. La mère d'Augustin Ronval pour ne savoir écrire + Jean Joseph Léonard, témoin. 14 mai 1792 Le conseil de Namur ordonne aux parties de faire lever de commune main, par l'arpenteur Thirion, une carte figurative du terrain destiné à la maison vicariale en indiquant la consistance et l'élévation dudit terrain, du niveau ordinaire du ruisseau de la papeterie de Moulin et en y désignant l'étendue du terrain accidentellement inondé. 12 avril 1793 Lettre du proviseur de l'abbaye de Floreffe à l'avocat Wasseige Monsieur notre abbé me charge de vous prier de vouloir solliciter la ratification de la transaction avec les chapitres Notre-Dame au sujet des affaires de Senenne, il est temps que nous prenions des arrangements pour acquérir le terrain destiné à la construction de la maison vicariale, ce que nous ne pouvons faire sans la ratification. Il pourrait arriver que nous acquérions un bien d'environ un demi-bonnier qui est hypothéqué envers Monsieur votre père conseiller, pour une rente d'environ 20 florins et quelques chapons ". Document non daté. Sans doute de 1793. Projet d'accomodement touchant la dîme de Senenne, Warnant etc... rédigé par l'abbé de Floreffe. 1. Pour mettre fin à toute contestation présente ou future entre nous, je m'oblige à l'achat et l'amortissement du terrain nécessaire pour y bâtir à mes frais une maison vicariale parmi une somme de 2500 florins, une fois donnée par les chapitres et Gembloux. 2. L'église paroissiale de Senenne et généralement toute chapelle et maisons construites et à construire après la date de ce jour, seront entretenues et construites moitié par moitié, savoir la moitié par nous, l'autre moitié par les chapitres et Gembloux, nous fournirons de même à la construction des chapelles et maisons, si celles qui sont actuellement viennent à évoluer ou qu'il en faille de nouvelles par décret, 3. En cas que les paroissiens demandassent avec justice un ministre de plus qu'ils n'ont actuellement il leur sera fourni à frais communs moitié par moitié comme ci-dessus de même qu'aux frais des procès à soutenir sur ces objets. 4. Le curé de Senenne Fr. L. Bauchau s'oblige, tant pour lui que ses successeurs à entretenir la maison pastorale et son presbytère, et par là tout l'excédent de la compétence sera évidemment employé dans les frais à faire pour cet objet et il ne pourra jamais plus être interpellé pour concourir à aucun frais. Quant aux ornements des églises et chapelles, pain, vin, luminaires etc... ils resteront comme cy devant à la charge des chapitres et Gembloux. 5. Les frais des procès agités se paieront par tous, chacun pour sa quote-part et seront entièrement terminés... mais les frais communs du décret porté le 24 de mai, de la descente des commissaires et de la comparution de ce jour se paieront 1/3 par Floreffe et les deux autres tiers par Gembloux et les deux chapitres sans que les personnes en cause puissent rien exiger pour leurs vacations personnelles. Tandis qu'on discutait ainsi interminablement en essayant de régler les moindres détails des dîmes et des procès à venir, en France, la révolution battait son plein. En 1794, elle s'étendrait à l'entièreté des Pays-Bas autrichiens, abolissant les privilèges de l'ancien régime et nationalisant les biens du clergé.