5.00 - Les Fermes d’Anhée 5.01 – Fermes de Grange Abordons maintenant le domaine de l’agriculture. A Anhée, deux grands espaces sont ouverts à la production agricole, la plaine alluviale de la vallée et le vaste plateau de Grange allant jusqu’aux abords de Sommière. Traitons en premier lieu des fermes anciennes et tout d’abord des deux fermes de Grange. Dans l’ouvrage ‘’Cens et rentes du comté de Namur ‘’, en 1265, on  signale à Grange, le prélèvement d’une taille de 20 sols. Le nombre de gélines prélevées à la Noël était de 4 ce qui signifie qu’il y avait là-bas 4 feux ou maisonnées. Le terrier du comté de Namur de 1603 est plus explicite en signalant la présence de 2 censes ou fermes à Grange : o la cense d’Hubert Chesnau dont les terres sont évaluées à 90 bonniers. o la cense du conseiller Bodart dont les terres sont de 60 bonniers. Nous ne suivrons pas la dévolution de ces fermes, nous nous contenterons de dire qu’en 1700, elles sont ainsi dénommées : o Cense de Caroly cotisée sur la base de 75 bonniers avec Pierre Bailly pour métayer, ayant 8 chevaux. o Cense du baron de Roost, seigneur de Hontoir, ayant Stainier pour métayer avec 5 chevaux. Dans la suite du temps, on appellera ces fermes grande cense et petite cense. En 1764, la grande cense appartient par dévolution à Marguerite Dévelette qui la revendra, en 1771, à Barthélemy Dautrebande, maître de forges à Moulin et seigneur d ‘Anhée. Quant à la petite cense, elle est vendue, en 1775, au même acheteur. Ainsi donc, en 1775, Barthélemy Dautrebande possède les deux fermes de Grange. La famille en restera propriétaire jusqu’au 28 mai 1825, date à laquelle  Auguste Bauchau, maître de forges, notamment à Moulin, rachètera en bloc les biens des Dautrebande situés à Anhée pour une contenance totale de 253 hectares, ce qui fera de la famille Bauchau, le plus grand propriétaire terrien à Anhée. Le décès en 1865 de Madame Licot, veuve d’Auguste Bauchau, verra l’éclatement du domaine. La grande cense avec ses 80 hectares de terre, passera dans les mains de plusieurs propriétaires, pour aboutir en 1929, dans celles d’Alphonse  de Wouters, dont le petit-fils, Stany de Wouters  aujourd’hui encore en est  l’exploitant. La petite cense de Grange restera, par succession, propriété de plusieurs membres de la famille Bauchau. Après la guerre 1914-1918, elle sera exploitée successivement par les fermiers Bodson, Oger et Molitor. Ce dernier l’a rachetée aux descendants de la famille Bauchau. 5.02 – Ferme d’Odrimont Arrivons-en aux anciennes fermes au sein du village d’Anhée. Le terrier du comté de Namur de 1603, signale l’existence de 2 fermes dans le village : o la cense d’Odrimont labourée par Jean Absil et cotisée pour 10 bonniers à la roye soit environ 28 hectares. o Le cense de Marguerite Beghin, cotisant  pour 6 bonniers à la roye soit environ15 hectares. Un mot d’explication pour chacune d’elles. La cense d’Odrimont se situait à l’entrée nord de l’actuelle  rue des fusillés. Ses bâtiments se répartissaient des deux côtés de la rue  sous forme d’un quadrilatère. Son nom qui s’est conservé jusqu’a la fin de l’ancien régime, lui venait du Sieur d’Odrimont, receveur général du comté de Namur, propriétaire en 1603. Les terres de cette ferme sont morcelées : on en signale à côté de la ferme elle-même et dans la campagne de Senenne. En 1767, la ferme d’Odrimont appartient à Barthélemy Dautrebande, propriétaire également des fermes de Grange. La famille Bauchau acquerra le tout lors de la vente du 28 mai 1825. A propos de cette ferme, rappelons que lors de la guerre scolaire de 1888, Amand Bauchau y fit aménager des locaux pour accueillir les enfants de l’enseignement libre. Lors de l’élargissement de la rue des fusillés en 1950, il ne reste plus de la ferme qu’un bâtiment transformé en maison. Il sera démoli. En 1952, Paul Bauchau et consorts vendent le terrain à Joseph Gérain qui y construit sa maison. 5.03 – Ferme de l’Abbaye de Moulin L’autre ferme, dite petite cense de l’abbaye de Moulin, a eu une histoire plus complexe. Elle se situait à l’angle des rues actuellement dénommées rues Petit et du Bon Dieu. Nous ne ferons que parcourir certaines étapes. Une mention en est faite en1564, par le transport d’une petite boverie, maison, grange, situées à Anhée, au profit de Simon  Liroux. Son descendant, Martin Liroux possède la cense au début du 17e siècle. En 1665, il la cède a l’abbaye de Moulin. Rappelons qu’à l’époque la plupart des terres de culture dans la plaine d’Anhée appartiennent à cette abbaye .Les moines détachent des terrains de leur grand patrimoine pour accroître les terres de culture de leur cense d’Anhée dont ils portent ainsi la contenance à 42 bonniers. L’abbaye de Moulin fut mise sous économat en 1785 et les religieux renvoyés dans le monde avec une pension en 1787. Lorsque nos provinces furent rattachées à la République française le 1 octobre 1795, les lois françaises s’appliquèrent aux ex-Pays-Bas autrichiens, notamment celle ordonnant la nationalisation des biens des ordres religieux et leur mise en vente. Ce fut le cas pour la ferme d’Anhée le 16 février 1797. Le procès-verbal d’adjudication décrit le bien comme suit : ‘’Une ferme appelée la ferme de Moulin à Anhée, composée d’un corps de ferme, grange, écurie, contenant six verges de longueur sur 4 verges de largeur, quarante bonniers de terres labourables, divisés en 5 parties, le tout situé sur le territoire de la commune d’Anhée’’. L’adjudication définitive eut lieu le 9 thermidor an 5 (soit le 28 juillet 1798 ). Le bien est adjugé pour 55000 livres, au citoyen Tison, commanditaire de Jeanne Marsigny, ex-religieuse des sœurs grises à Dinant dont le couvent avait été nationalisé et vendu. Elle était la fille de Simon Marsigny propriétaire de terres à Anhée et qui acquerra le douaire du curé de Senenne lorsqu’il sera vendu en 1798, comme bien nationalisé. En 1851, la famille Marsigny mit en vente la ferme et ses terres agricoles couvrant 41 hectares. L’ensemble est acheté par Amand Bauchau Wasseige. En 1885, le bien est vendu au comte de Brouchoven de Bergijck  dont les héritiers le revendront à Ernest Bouchat. Le 4 septembre 1944,verra la fin de cette ferme. Les SS allemands y mettront le feu, il n’en restera que des ruines rachetées en 1951 par Paul Laloux et rasées pour laisser place à des hangars de la firme Bâtibois, lesquels se trouvent encore en place aujourd’hui. A mi-hauteur des collines entre la plaine d’Anhée et Grange, pendant des siècles, Senenne fut le lieu où se trouvait l’église dont dépendait, sur le plan spirituel, Anhée et d’autres localités des environs. Le curé vivait en autarcie, c’est pourquoi il disposait d’une ferme et d’un terrain de culture appelé le douaire, proche de la cure. Lorsqu’en 1845 fut bâtie l’église d’Anhée, le terrain de l’ancienne cure devint propriété de la famille Bauchau. En 1857 un château y fut érigé. La ferme de la cure, à l’arrière du château, fut sauvegardée. Le bien passa ensuite à la famille de Wouters dont un descendant exploite la ferme, encore aujourd’hui. Au cours du 19e siècle et au début du 20e, il exista dans notre village plusieurs exploitations agricoles mais de moyenne importance. Notons à la rue grande, à côté de la brasserie Rabozée, actuellement station-service, une petite ferme exploitée par la famille Jacquemart depuis 1907. Ce sont principalement des marchands de chevaux et de bestiaux. Leur commerce se termine avec la guerre en 1940. Le corps de bâtiment servant de ferme a été aménagé et contient actuellement plusieurs maisons particulières.
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Anhée. Synthèse historique Partie 2
4.00 - Anhée. La vie économique. 4.01 – Carrières. Marbre bleu-noir Abordons le panorama de la vie économique. Le fait que le village d’Anhée est constitué par une plaine alluviale entourée de collines accédant au plateau de Grange, a eu pour conséquence que sa population sous l’Ancien Régime, était vouée à l’agriculture. D’autre part, il ne se trouvait sur son sol aucun ruisseau au débit suffisamment abondant  pour permettre d’implanter des forges ou des moulins. Les habitants d’Anhée ne pouvaient donc s’employer principalement que dans l’agriculture. Certains travaillaient aux forges de La Roche à Moulin actives depuis 1603 ou dans l’exploitation des carrières. Au lieu-dit Bout des campagnes, c.-à-d. l’endroit  où les collines se resserrent  et viennent s’arrêter près  de la grand-route vers Bouvignes, l’exploitation de carrières a existé depuis le XVIIe siècle au moins. A 200 m de la grand-route, le long du chemin de terre rejoignant Senenne, on peut apercevoir vers le haut de la colline, une excavation d’où l’on tirait des pierres calcaires pour en faire des moellons propres à la construction. Il est probable que les premières maisons d’Anhée, ont été construites avec ces pierres. Une exploitation de marbre bleu-noir s’est ouverte à peu de distance de cette première carrière, le long de la grand-route. Le marbre ne se trouve pas en élévation mais en profondeur, avant de l’atteindre, il faut enlever les couches de pierres calcaires. L’exploitation, sur un terrain communal, commence en 1886, mais ne connaîtra son plein épanouissement qu’en 1927, quand se constituera la  Société anonyme « Carrières  de marbre d’Anhée. Bleu belge et grand antique ». Un quai de chargement est aménagé le long de la grand-route. A l’arrière, on y trouve un bâtiment renfermant la machine à vapeur actionnant la pompe, un treuil, et à côté un espace de sciage. Une seconde bâtisse abrite les bureaux, la forge et le réfectoire des ouvriers. Une douzaine de personnes travaillent sur le site. Durant la seconde guerre mondiale, les installations sont endommagées par un bombardement en 1944. Après la guerre, l’extraction reprend mais il faut toujours aller plus en profondeur pour extraire le marbre dont les couches se trouvent sous le niveau de la Meuse, ce qui exige un pompage continuel Ce fait amène la fermeture de l’exploitation en 1953. Actuellement, passée l’ouverture béante de la carrière, on peut voir une immense voûte de pierre soutenue par un pilier central. Dans le fond, un lac d’une longueur de 40 mètres et pouvant atteindre une profondeur de 20 mètres. Au dehors, la végétation sauvage a repris ses droits. 4.02 – Tuyaux de drainage, briques, tuiles Restons au Bout-des-campagnes. Dans le voisinage des carrières, il est un endroit dont le sol contient de la terre plastique. François Boseret, y possède un terrain de 44 ares. Il saisit l’opportunité d’y créer une entreprise. Il fait construire une maison, un four, plusieurs hangars et se met à produire des tuyaux de drainage, des briques et des tuiles. Le tout est opérationnel en1857 et la production commence. Les hangars, aux toits pentus descendant jusqu’au sol pour s’abriter des pluies d’Ouest, servent au séchage et à l’entreposage des produits fabriqués. En 1872, atteint par l’âge de la retraite, François Boseret arrête son entreprise: le four est démoli et les hangars transformés en bâtiments ruraux. 4.03 - Brasserie Rabozée L’installation d’une brasserie à Anhée sera l’œuvre de la famille Rabozée. L’aïeul, Laurent Joseph vient s’installer dans le village en 1816, par l’achat d’une maison au coude de la grand-route à proximité des vieilles ruelles. Le bâtiment était l’un des trois existant alors à la grand-route. Dès 1834, Laurent Joseph se tourne vers la batellerie en Meuse. A l’époque, la Meuse n’étant pas canalisée, seuls les bateaux à fond plat peuvent y naviguer. Le père est bientôt aidé par deux de ses fils. A son décès en 1850, ceux-ci continuent l’entreprise de batellerie et posséderont jusqu’à 7 bateaux, ce qui leur vaudra le titre de maîtres-bateliers.. Un autre fils, Laurent Rabozée s’oriente vers le commerce de la bière. En 1858, il fait construire une brasserie. dont le bâtiment  s’élevait  à l’endroit de ce qui est aujourd’hui une station-service. La brasserie ira en se développant, si bien qu’en 1897, on y recense 800 tonneaux et 4 chariots de transport. Dans les années 1920, une douzaine d’ouvriers y sont employés. Jusqu’à cette époque, la production de bières s’est faite en tonneaux. Pour répondre à une demande nouvelle, une bouteillerie est installée en 1927, dans le but de commercialiser des bières blondes ou brunes en bouteille. La firme Rabozée prend contact aussi avec de grandes brasseries dans le but de distribuer leurs bières spéciales : bocks, pils etc. En 1934,une fabrique de glace est adjointe à la brasserie. Vers cette époque, l’entreprise Rabozée atteint son plus grand développement. Son aire de distribution va des abords de Namur à Houyet. La guerre de 1940-1945 mettra fin aux activités. Après les hostilités, les bâtiments serviront, pendant quelques années, de dépôt à la brasserie de Haecht  puis ce sera la fermeture définitive. L’année 1963, voit la démolition des bâtiments de l’entreprise remplacés par une station-service. 4.04 - La fonderie de cloches Dès 1847, une fonderie de cloches est créée dans l‘usine de cuivre de Rosée à Moulin. Le fondeur en est Joseph Michel. En 1865, Hippolyte Causard de Tellin, localité dans laquelle sa famille exploite une importante fonderie de cloches, prend la relève à Moulin. Il y restera une vingtaine d’années soit jusqu’en 1885. Entre-temps, il a fait construire à Anhée une maison de maître et proche de là, un atelier qui se situerait actuellement à l’extrémité nord de la rue de la Libération.. Dans cet atelier, il établira sa fonderie de cloches en 1885. A Anhée la production sera importante. En feuilletant le livre de compte de la fonderie, on constate que les clients les plus importants sont les communes pour doter les églises. C’est le cas à Mortehan, Spa, Morville, Profondeville, Fenal, Wellin, Saint-Gérard, Aublain, Dailly, Cerfontaine. Falmagne , Onhaye etc..Les cloches, de plusieurs centaines de kilos, reviennent en moyenne à 3,75 F le kg. Parfois des cloches anciennes ébréchées ou fêlées sont refondues. La fonderie fabrique aussi de nombreuses cloches ne pesant que quelques kg utilisées dans les collèges, les gendarmeries ou les châteaux. En 1893, la production de cloches est arrêtée, les installations démontées et Hippolyte Causard rejoint sa famille à Tellin. 4.05 - La fonderie Saint Joseph Le projet industriel le plus important reste encore à venir. Jusqu’au début du 20e siècle, on n’a connu à Anhée que des entreprises employant peu de personnel. La main-d’œuvre trouvait du travail, principalement hors de la localité c.à.d. à l’usine de cuivre de Rosée à Moulin-Warnant, et aux carrières à Yvoir et à Hun. En 1907, la S A des fonderies et forges de Couvin décide d’installer une nouvelle unité de production à Anhée où elle trouvera un vaste terrain et une main- d’œuvre abondante. La construction de la nouvelle usine commence donc, chaussée de Dinant, pour se terminer en 1908. On y trouve une fonderie, un local pour l’ébarbage, un autre pour le dessablage et le polissage, une salle d’étamage, une émaillerie, un magasin d’entreposage et d’expédition. La force motrice est fournie par une machine à vapeur de 30 CV qui bientôt se révélera trop faible et sera remplacée par une autre de 160 CV. Elle actionne un moteur électrique servant à amener la force motrice dans toute l’usine. Que fabrique-t-on dès le début ? Des casseroles en fonte, des articles sanitaires en fonte émaillée,  des latrines à la turque, des marmites, des lèches-frites et des nègres pots qui sont des marmites à trois pieds destinées à l’Afrique et à l’Amérique du Sud. Dans la fonderie, on trouve essentiellement le cubilot chauffé au coke d’où s’écoule la fonte en fusion recueillie dans une poche. Dans celle-ci ,les mouleurs puise la fonte avec de grandes louches pour la porter dans des moules faits de sable ,silice et argile. La guerre de 1914-1918 impose un temps d’arrêt à l’activité de l’usine. Après la guerre, la production reprend de plus belle. Nous arrivons ainsi en 1927. La fonderie et forges de Couvin fusionnent avec la Société Samson de Seilles. La nouvelle société décide de construire une unité de production à Anhée. A côté de l’ancienne usine, on édifie 4 grands halls dans lesquels on produira des poêles et des radiateurs pour chauffage central. Après une période de crise due au krach boursier de 1929, la production augmente de nouveau vers 1934. Sur le site travaillent jusqu’à 400 ouvriers,  la plupart habitant les villages voisins. Après la guerre 1940-1945, la production reprend. Il en sera ainsi jusqu’au début des années 1950. Cependant avec l’apparition de nouvelles matières, la demande d’objets en fonte diminue, si bien que l’usine Saint-Joseph d’Anhée ferme ses portes en 1958. Il faudra attendre 1963 pour que de nouvelles activités s’implantent sur le site. Ce sont la SA d’exploitation des carrières et terres plastiques et la SA Pasek qui elle-même, connaît le déclin vers l’an 2000. Actuellement, les locaux de la firme Pasek sont occupés  par les services communaux d’Anhée. 4.06 - Scieries Arrivons-en à la filière du bois. Entre les deux guerres, on comptera deux scieries à Anhée, toutes deux installées le long de la grand-route à hauteur des rues Matante et du Bon Dieu. Il faut savoir qu’avant 1914, il n’y a pas de constructions du côté droit de la grand-route en allant vers Dinant, et ce entre la place communale et l’usine St Joseph. En juillet 1914, les frères Defoin qui exploitent déjà une scierie proche du rocher Bayard à Dinant, achètent un terrain au lieu-dit Couture devant le saule et l’année suivante y construisent un bâtiment en bois de 180 m2 qui contiendra une machine à vapeur et une scierie mécanique. Le terrain jouxte l’usine St Joseph. En 1919, l’entreprise est rachetée par Jules Lenoir d’Anhée qui double la superficie des locaux et remplace la machine à vapeur par deux moteurs électriques. L’activité se développe. L’entreprise est rachetée deux ans après par Joseph Fosséprez marchand de bois à Warnant. En 1923, il remet l’entreprise à Louis Pirson et Albert Capelle de Mont-Anhée. Notons en passant, que ces deux personnes, ont constitué une société pour exploiter en commun une briqueterie le long du chemin allant à Mont-Anhée, chemin qui de nos jours porte le nom de rue du Respois. Là-bas, jusqu’en 1928 seront fabriquées des millions de briques pour la reconstruction de Dinant dont de nombreux quartiers ont été détruits dans l’incendie allumé par les Allemands en août 1914. Revenons à la scierie Pirson-Capelle. Au cours des années 1920 et 1930, elle développe fortement ses activités. Une douzaine d’ouvriers travaillent sur le site. Les arbres à scier sont achetés dans le nord de France, arrivent par bateaux au petit port de Moulin et sont acheminés par chariots à la scierie où ils sont débités soit en planches soit en billes de chemin de fer vendues à la SNCB, la production pouvant atteindre 15.000 billes par an. En 1934, Louis Pirson a pris sa retraite et la scierie est vendue à ses fils qui constituent la société Pirson Frères. Aujourd’hui encore l’entreprise existe. S’il n’y a plus de sciage d’arbres, l’entreprise est devenue un grand commerce de produits dérivés du bois. Joseph Fosséprez et son beau-fils, Louis Jottard créent, vers 1920, une autre scierie proche de la première, sur un terrain faisant approximativement face à la rue Matante. L’activité y sera de moindre ampleur qu’à l’autre scierie. Louis Jottard la dirige jusqu’en 1940, puis elle est louée à un autre exploitant. Vers 1946, se produit la faillite de l’affaire. En 1949, les installations sont démolies et le terrain est racheté par la commune d’Anhée qui y perce la nouvelle rue des Tilleuls .Des maisons se construisent et c’est un nouveau quartier qui voit le jour. Parallèlement à la filière bois, signalons les entreprises Laloux. En 1905, Joseph Laloux fait bâtir une maison à la rue grande, proche de la rue des brasseurs. A côté de la maison, il y a un atelier de menuiserie. En 1936, son fils Paul, ébéniste de formation, reprend l’entreprise et lui donne un souffle nouveau. En 1945, proche de la maison paternelle, il fait construire un grand immeuble où l’on vend du mobilier. Paul Laloux crée, en 1961, une société anonyme ‘’ Bâtibois’’ dans le but de fabriquer des chalets en bois. A cet effet, il édifie de grands hangars à l’angle des rues Petit et du Bon Dieu, sur un terrain qu’occupait autrefois une ferme. A la rue des Tilleuls, il bâtit ses bureaux, une salle de dessin et un atelier. Plusieurs chalets en bois seront édifiés dans la rue du Respois. En 1964, malheureusement,  un incendie ravage les locaux de la rue des Tilleuls. L’entreprise en restera diminuée et cessera ses activités en 1966.
6.00 - Le tourisme. Les hôtels 6.01 - Hôtel des sœurs Piérard et des sports Le développement touristique à Anhée ne connaît ses débuts  que dans la seconde moitié du 19e siècle. Sous l’Ancien Régime, il n’est fait mention que de l’auberge d’Al Saulx, un des rares bâtiments existant le long de la grand-route. C’était une longue bâtisse assez basse qui se situait à l’angle de la rue grande et de ce qui n’était à l’époque qu’une ruelle, la rue Matante. Vers le milieu du 18e siècle, la chronique rapporte une altercation violente  qui eut lieu entre un fermier de Grange et les membres d’une famille de mauvaise réputation, les Pescador,  habitant Yvoir et commettant de nombreux larcins dans la région, ce qui les conduisit devant la justice. Il semble que cette auberge cessa ses activités vers 1845. Le premier hôtel digne de ce nom, date de 1875. Les sœurs Piérard rachètent une maison avec jardin se situant  à la grand-route, à une centaine de mètres de la rue Ribot. Nous la désigneront mieux en disant qu’elle deviendra finalement la boucherie Wauthier. Les trois sœurs exploitent donc un  hôtel appelé simplement ’’Hôtel Pierard’’. La dernière d’entre elles vend le bien à Léon Verdin qui embellit les lieux en ajoutant à la façade, un balcon en fer forgé, en créant un  toit mansardé et en bâtissant un garage de l’autre côté de la rue. Il choisit d’appeler le tout ’’Hôtel des sports’’. Cet hôtel aura plusieurs propriétaires, le dernier étant Célestin Poncin qui le fermera en 1956, l’immeuble devenant maison particulière. En 1996, le bâtiment sera pratiquement rasé par le propriétaire de l’époque; Monsieur Wauthier, qui y installera une boucherie aujourd’hui fermée. 6.02 – Hôtel de la Meuse Passons à l’hôtel de la Meuse appelé jusqu’à récemment l’auberge mosane. Son origine et son histoire sont liées à l’existence de ce qui était, au 17e siècle, le grand jardin. C’était un vaste terrain qui s’étendait depuis l’actuelle rue Petit jusqu’à la grand-route et d’une contenance de107 ares. Son histoire est connue, grâce aux archives de l’abbaye de Moulin. En 1680, le bien appartient à un certain Damanet dont le fils Maximilien se sent une vocation monastique. Il souhaite entrer comme novice  à l’abbaye cistercienne de Moulin et en sera d’ailleurs Père Abbé de1703 à 1733. Pour couvrir ses frais de noviciat, il lègue à l’abbaye, le grand jardin et la maison qu’il possède au village d’Anhée. Ce bien se trouvait encore dans le patrimoine de l’abbaye en 1794 quand il fut vendu pour satisfaire à la contribution militaire imposée par l’armée révolutionnaire française sur les monastères, le clergé et les nobles. L’acheteur en est François Dautrebande, fils de l’ancien seigneur d’Anhée. Il revendra le bien à Joseph Bauchau, futur propriétaire des forges de Moulin. En bref, disons que la famille Bauchau, cèdera, en 1845, la partie du grand jardin longeant la grand-route pour qu’on y construise l’église, le presbytère et en 1857, l’école des Sœurs. Revenons-en à la partie du grand jardin sur laquelle se construira un hôtel. En 1892, Joseph Michel hérite le bien et en 1902 commence les travaux pour transformer la maison en hôtel qu’il appellera ‘’Hôtel de la Meuse ‘’. Sur la partie latérale sud s’étend un vaste jardin où l’on trouve une véranda abritée des vents d’ouest  avec vue sur les rochers de Champalle. Joseph Michel exploite lui-même son établissement jusqu’en 1919 puis le donne en location. En 1931, il est racheté par Ferdinand Fauconnier qui en poursuit l’exploitation jusqu’en 1945, année où Arthur Deville jusque-là meunier à Maredret, rachète la propriété. Une nouvelle clientèle fréquente l’établissement, celle du camping installé sur ce qui fut l’île d’Anhée. L’ancien hôtel de la Meuse s’appelle désormais ’’L’Auberge Mosane’’, la fonction hôtelière cédant la place à un café doublé d’une friterie. Après le démantèlement du camping en 2008, l’auberge a fermé ses portes. 6.03 – Hôtel Continental Arrivons-en à l’Hôtel Continental. Il se situait rue grande à l’endroit de ce qui est aujourd’hui l’entrée principale  de l’école primaire de l’Etat. Sur ce terrain existe depuis les années 1830, une spacieuse maison avec grange, écurie, annexes et jardin. En 1864, Isidore Borsut-Fallart, forgeron, achète le bien pour en faire une forge et un café. A son décès en 1904, l’ensemble, mis en vente, est acheté par Léopold Colpé et son épouse Adeline Delannoy, dans le but d’en faire un hôtel restaurant. Dès 1906, des travaux sont entrepris. La forge est aménagée en salle de restaurant et des chambres sont construites à l’étage. Le nouvel établissement prendra le nom d’ ‘’Hôtel Continental’’. La clientèle est principalement composée de familles qui, à la bonne saison, passent des vacances dans la vallée de la Meuse. Cette clientèle, très fidèle, revient d’année en année. La guerre de 1940 met fin provisoirement à l’activité hôtelière, En 1946, le bien est loué puis revendu à Gustin qui le revend, en 1964, à l’État Belge. Dans le vaste jardin, une école primaire est construite. Le bâtiment de l’hôtel sert de réfectoire puis il est abattu en 1975, pour constituer aujourd’hui l’entrée de l’école. 6.04 - Hôtels du bout-des-campagnes Pour être complet, signalons qu’au lieu-dit’ ’’Bout des campagnes’’, à partir de 1932, se construisirent  deux hôtels-restaurants. Le 1er, ’’Le tourne-bride ’’ connut une certaine notoriété gastronomique. Le second ’’Les terrasses’’ fut bâtit à l’initiative d’un commerçant de Bruxelles. Il ne l’exploita qu’une saison puis il fut donné en location pendant quelques années. La fonction hôtelière prit fin et l’immeuble fut repris par Denis Bouchat, exploitant de la ferme d’Anhée.